mercredi 15 janvier 2014

Zelda la rouge, de Martine Pouchain


Résumé :

Zelda, 16 ans, est en fauteuil roulant depuis qu’une voiture l’a renversée, enfant. Sa sœur ainée, Julie, ne pense qu’à la venger et retrouver le chauffard, tandis que Zelda a tourné la page; pleine d’énergie et de passion, elle se destine à la politique. Les deux sœurs habitent une grande maison qu’elles partagent avec Jojo, ex-SDF bricoleur et jardinier, et Kathy, quinquagénaire complexée mais joyeuse. Et puis, Baptiste entre dans leurs vies. Charmant, prévenant, il se rend vite indispensable à leur colocation libre et foldingue…

Editions Sarbacane
264 pages ; 14.90€
Publié le 02 octobre 2013

Les éditions Sarbacane nous offre à chaque fois des ouvrages « coups de poing » qui ne peuvent laisser personne indifférent et se démarquent quand même pas mal de ce qui se fait ailleurs. On n’adhère ou on n’adhère pas, c’est vrai, mais au moins on s’en souvient, et ça fait quand même beaucoup. Surtout quand on adhère – et ça a été le cas avec Zelda la rouge, que j’ai apprécié au-delà de ce que j’imaginais. Je n’ai pas atteint le fameux coup de cœur mais j’ai vraiment apprécié ma lecture et j’ai été surprise d’avoir été aussi touchée par cette histoire.

Il y a quelques années, Zelda a été victime d’un accident qui l’a laissé dans l’impossibilité de pouvoir remarcher un jour, paralysées des jambes. A l’aide de son fauteuil roulant et de ses proches, Zelda continue toutefois de vivre sa vie comme elle l’entend, désireuse de profiter de chaque instant. Mais si elle a réussi à surmonter cette épreuve et à tourner la page sur ce qui lui est arrivé, ce n’est pas le cas de Julie, sa grande sœur, qui depuis vit dans la colère voire dans la haine. Le fait de ne pas savoir qui a fait ça à sa petite sœur la hante chaque jour un peu plus et elle ne peut s’empêcher de se poser des questions sur toutes les personnes qui croisent sa route. Et si c’était lui, le chauffard inconnu qui a percuté Zelda, l’abandonnant sur le bitume ?

Le message véhiculé par ce récit est vraiment fort. L’intrigue n’est pourtant pas des plus originales et la façon dont l’auteur aborde le sujet ne révolutionne pas non plus le genre, et pourtant, on ne peut nier l’émotion qui ressort de ce roman. Martine Pouchain traite du pardon, de l’acceptation, mais aussi de la colère, de la soif de vengeance. Elle traite de tout ce qu’implique un tel évènement dans la vie de celui qui le vit mais aussi dans la vie de ses proches et ici, les personnages nous montrent qu’il n’y a pas qu’une seule façon de vivre après ça. On peut accepter sa condition, parfois en rire, parfois s’en plaindre, mais toujours continuer à avancer car le principal, c’est d’être là ; ou on peut s’apitoyer sur ce qui est arrivé, avançant par pure colère, dans l’espoir d’apprendre la vérité un jour et de rendre justice par le pire des moyens qui soit : la vengeance. Deux facettes incarnées par les deux points de vue que l’auteur nous offre : celui des deux sœurs, chacune nous livrant ses pensées, ses observations, ses réflexions au fil des journées.

D’un côté, on a donc Zelda, qui se retrouve paralysée des jambes à cause de l’accident mais a appris à faire avec, à vivre, à profiter de l’instant présent car lui seul compte. Oui, elle a des coups de blues, mais qui n’en a pas ? Elle est handicapée mais elle est comme tout le monde, et elle en a marre de vivre dans le passé : elle a encaissé le coup et continue d’encaisser, avec pour seul moteur l’affection de son entourage et ses ambitions – notamment politiques. Puis de l’autre côté nous avons Julie, la grande sœur, la figure maternelle de la maison. Après l’accident et la mort de leur grand-mère, elle a tout pris en charge, travaillant pour permettre à Zelda de mener une vie normale. Elle aussi, elle encaisse les coups durs. Mais elle les encaisse à sa façon, plus réservée, plus bourrine, plus émotive, aussi, dans le genre agressive et torturée. Elle en veut à celui qui a renversé Zelda et s’est juré qu’elle lui ferait payer la situation un jour, peu importe qui c’est. Mais vivre dans le passé et dans la haine n’est pas une solution… et l’objet, la force du roman se trouve ici : dans cette prise de conscience, mais aussi dans les liens qui unissent les personnages, ces liens qui nous touchent ou nous font sourire au fil des pages.

Au début, je dois dire que j’avais l’impression de lire un livre à l’écriture un peu facile, certes direct dans la façon d’aborder le sujet, mais disons sans grand impact sur le lecteur. Puis plus j’avançais, plus je prenais conscience de la qualité de la narration, à la fois proche des personnages via un style marqué par l’oralité, et à la fois assez réflexive, avec de très beaux passages, vraiment intelligents, presque poétiques, qui poussent le lecteur à réfléchir sur la situation, mais aussi sur les autres et sur lui-même. En fait, ce livre est une véritable leçon de vie et c’est l’une des choses que j’ai le plus apprécié, en dehors du merveilleux tissu de personnages que propose l’auteur et qui gravite autour de Zelda et de Julie… un tissu de personnages auquel on s’attache de façon quasi instantanée et qu’on regretterait presque en refermant le bouquin !

Donc voilà, comme vous pouvez le voir, j’ai vraiment été conquise par cette histoire. Zelda la rouge est une très bonne surprise – l’une de celles, inattendues, que l’on aimerait avoir plus souvent et qui marquent en quelques sortes les esprits, du moins pour un temps. Je le répète, ce n’est pas un coup de cœur, car je n’ai pas eu « le petit truc qui fait que »… mais à la réflexion, il s’en approche tout de même un peu, alors que dire de plus à part : lisez-le ??

4 commentaires:

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    1. Aaah c'est cool !!
      Je suis contente qu'il t'ai plu aussi !

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  2. Je pense que je vais vraiment finir par craquer pour le lire ah la la

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    1. Aaah mais je te le souhaite !!
      J'ai l'impression qu'il n'attire pas des masses comparé à d'autres bouquins et pourtant, tu vois, plus j'y pense plus et j'ai envie de le conseiller... il n'est pas parfait mais il vaut quand même le coup :)

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